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Romain Slocombe, L'océan de la stérilité

Fauché, dépressif et divorcé, le photographe gaffeur Gilbert Woodbrooke végète au bord du suicide lorsqu'un job inespéré lui tombe du ciel : interprète pour Emiko Yûki, une romancière japonaise de dix-neuf ans, en voyage promotionnel à Londres. Tout irait bien si leur route ne croisait celles d'une petite Roumaine prostituée par les gangs albanais et d'un célèbre “Young British Artist” complètement déjanté, obsédé par les momies égyptiennes et le crime élevé au rang des Beaux-Arts… Hommage au film fantastique britannique, satire des milieux de l'art contemporain et attaque violente contre le néo-libéralisme à la Tony Blair, Lolita complex met en lumière la fascination érotique actuelle pour la femme-enfant en illustrant notamment une de ses dérives: l'esclavage moderne de jeunes adolescentes importées de l'Est et le traitement infligé à ces enfants devenues prostituée.

Ah, on est bien loin de l'ironique insouciance de Brume de printemps: Woodbrooke nous emmène ici dans le mortifère milieu des trafiquants de chair humaine et de l'art gore. Je n'ai pas croché sur cette ballade.

New York, septembre 2001. Toujours aussi fauché et gaffeur, Gilbert Woodbrooke a bien mal choisi son moment pour exposer dans une galerie branchée de SoHo et rouvrir, à son corps défendant, une des plus grandes affaires criminelles du XXe siècle : l’énigme du « Dahlia Noir ». Los Angeles, 1949. Deux ans après l’assassinat d’Elizabeth Short, Alicia, une étudiante britannique, est recrutée par la CIA afin d’infiltrer le gratin de Hollywood et de fournir un rapport de moralité sur un dénommé Man Ray, que les services secrets projettent d’enrôler à son insu dans la guerre froide. Man Ray, un artiste sombre et génial, proche d’un certain Dr Hodel… Au cœur de ce monumental thriller politique, deuxième volet de la trilogie occidentale entamée avec Lolita complex (Fayard Noir, 2008), Romain Slocombe reprend, approfondit et révèle des pistes d’enquête, pour certaines peu connues, de deux cauchemars américains, l’affaire du Dahlia Noir et les attentas du World Trade Center.

La lourdeur continue: entrelaçant une bizarre lecture du Dahlia noir et l'attentat du 9/11, on reste peu convaincu de l'ensemble. Et quand l'auteur cède lourdement aux théories conspirationnistes les plus abracadabrantes, on tombe en pleine compote. Amère.

En 1941, six mille Juifs de Pologne munis de visas de fortune traversèrent la Russie par le Transsibérien pour gagner Kôbé au Japon, puis le ghetto de Shanghai occupé par l’Armée impériale. Là, le colonel SS Josef Meisinger, surnommé le « boucher de Varsovie », voulut les faire exterminer par ses alliés japonais. Cette odyssée tragique et peu connue sert de toile de fond aux nouvelles mésaventures de Gilbert Woodbrooke. Recherché par la police anglaise et réfugié à Lyon, le photographe profite de son séjour pour retrouver la trace de son grand-père, journaliste antifasciste mystérieusement disparu en France. Sa disparition pourrait avoir un lien avec une jeune résistante lyonnaise, rescapée des camps de la mort… où exerçait un certain Dr Claus Neuberg, responsable à Ravensbrück d’un programme de stérilisation des détenues.

Après Lolita complex et Sexy New York, Romain Slocombe rend hommage, entre rêve et cauchemar, au cinéma expressionniste allemand et achève, avec Shanghai Connexion, le portrait d’un Occident « stérilisé » par la guerre, les génocides et le choc des idéologies totalitaires.

Trop c'est trop. Je vais m'orienter vers un autre auteur.

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  • Dernière modification : 2023/08/09 11:44
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