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Дядя Ваня - Oncle Vania

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Au théâtre de Carouge

D'ANTON TCHEKHOV

Mise en scène d' ALAIN FRANÇON

Avec Eric Caruso, Catherine Ferran, Jean-Pierre Gos, Guillaume Lévêque, André Marcon, Laurence Montandon, Gilles Privat, Barbara Tobola, Marie Vialle

Dramaturgie Guillaume Lévêque Décor Jacques Gabel Costumes Patrice Cauchetier Lumières Joël Hourbeigt Musique Marie-Jeanne Séréro Son Daniel Deshays Secrétaire générale Anne Cotterlaz Texte français André Markowicz et Françoise Morvan

En famille, les enfants se sont un peu ennuyés: Gilles Privat campe un magnifique Vania, alternant truculence et dépression avec tact et finesse, Eric Caruso est très bon en Mikhaïl Lvovitch Astrov (le médecin qui opère au mieux quand il est bourré), Jean-Pierre Gos est convaincant dans le petit rôle d'Ilia Ilitch Téléguine (et joue peu mais bien de la guitare), Catherine Ferran est une nounou pas mal, les autres dames sont moins convaincantes, mais est-ce leur faute ou celle de la mise en scène, ou l'âge moyen au Théâtre de Carouge (si on enlève nos 3 enfants et ma nièce on doit s'approcher de celui d'un politburo sous Tchernenko, mais promis il n'y avait pas de cardiomobile à la sortie). Enfin, le texte était au moins très bien servi, et ça, ça fait toujours plaisir, quand c'est du Anton T.

Tiens, on avait tous oublié la dimension écologique avant l'heure d'Astrov, petit extrait de l'Acte I:

ASTROV. – Tu peux chauffer tes cheminées avec de la tourbe et construire tes hangars en pierre. Enfin, coupe les bois par nécessité ; mais pourquoi les détruire ? Les forêts russes craquent sous la hache. Des milliards d’arbres périssent. On détruit les retraites des bêtes et des oiseaux. Les rivières ont moins d’eau et se dessèchent. De magnifiques paysages disparaissent sans retour. Tout cela parce que l’homme paresseux n’a pas le courage de se baisser pour tirer de la terre son chauffage. (À Elèna Andréïevna.) N’est-ce pas, madame ? Il faut être un barbare insensé pour brûler cette beauté dans sa cheminée, dé- truire ce que nous ne pouvons pas créer. L’homme est doué de raison et de force créatrice pour augmenter ce qui lui est donné, mais, jusqu’à présent, il n’a pas créé ; il a détruit. Il y a de moins en moins de forêts. Le gibier a disparu. Le climat est gâté, et chaque jour la terre devient de plus en plus pauvre et laide. (À Voïnitski.) Voilà que tu me regardes ironiquement, et tout ce que je dis ne te semble pas sérieux. Et... tiens... c’est peut-être une manie, mais quand je passe devant des forêts de paysans que j’ai sauvées de l’abattage, ou quand j’entends bruire un jeune bois que j’ai planté de mes mains, j’ai conscience que le climat est un peu en mon pouvoir, et que si, dans mille ans, l’homme est heureux, j’en serai un peu cause. Quand j’ai planté un bouleau et le vois verdir et se balancer au vent, mon âme s’emplit d’orgueil, et... (Voyant l’ouvrier qui lui apporte un verre d’eau-de-vie sur un plateau.) Tout de même, il est temps de m’en aller... (Il boit.) Tout cela, au bout du compte, est probablement une manie... J’ai bien l’honneur de vous saluer.

Il sort, allant vers la maison.

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  • Dernière modification : 2023/12/18 08:23
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