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La Grande Bellezza

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Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée. Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré : il cache son désarroi derrière une attitude cynique et désabusée qui l’amène à poser sur le monde un regard d’une amère lucidité. Sur la terrasse de son appartement romain qui domine le Colisée, il donne des fêtes où se met à nu « l’appareil humain » – c’est le titre de son roman – et se joue la comédie du néant. Revenu de tout, Jep rêve parfois de se remettre à écrire, traversé par les souvenirs d’un amour de jeunesse auquel il se raccroche, mais y parviendra-t-il ? Surmontera-t-il son profond dégoût de lui-même et des autres dans une ville dont l’aveuglante beauté a quelque chose de paralysant.

Honni par le critique des Inrocks: "Subtiliser l’Italie réelle et contemporaine pour y substituer son fantasme cinéphile et rétro, c’est le rapt auquel se livre deux interminables heures durant Paolo Sorrentino et son affligeante La Grande Bellezza." qui a sans doute voulu, suprême distinction, trancher de la tempête panégyrique des cinéphiles et médias, j'ai - enfin - vu ce Sorrentino hier, et aussi entendu - tous les protagonistes, à une exception près, ne parlent pas italien: ils parlent romain, mannach' la miseria.

Paolo Sorrentino, c'est notamment Il divo (dans lequel Toni Servillo, qui a ici aussi le rôle principal - le dandy flegmatique Jep, fait une époustouflante performance) et This must be the place, deux films que j'ai adoré.

Pour de dernier film, je suis profondément partagé: l'amoureux de Rome bave littéralement, le cinéphile aussi - techniquement le film est irréprochable (je ne sais pourquoi, sans doute la beauté simplement, il m'a profondément remémoré L'arche russe), les références sont présentes et je ne partage pas le point de vue du critique des Inrock's qui estime que Fellini doit se retourner dans sa tombe. Par contre, traiter de la grave crise italienne et de la déroute de sa capitale millénaire sous l'angle de riches oisifs dansant sur les terrasses des palaces... c'est plus délicat. Encore que. Il me faudra du temps pour me faire un avis plus tranché, si c'est possible. En tout les cas, foncez voir ce film tant qu'il est à l'affiche. En vidéo vous pouvez oublier, vu la qualité de l'image, ce serait un crime, et là le grand Federico risque bien de se réveiller d'entre les morts.

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  • Dernière modification : 2023/12/18 08:23
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