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Preveza - été 2019

Photos (passwd: pseudo de “Moro”)

Départ à 3h du matin, lundi 15 juillet, pour un Genève-Ancône sans histoire.

À Ancône, arrivée vers midi, on y retrouve A.R. qui vient en ferry de Split, ravi de sa semaine bosniaque sans sommeil.

À 18h, après un embarquement assez épique, on se retrouve avec les BW sur le ferry tout pourri de Minoan Lines, qui pue littéralement la merde. Ce qui ne va pas s'arranger avec l'embarquement de centaines d'Habitur allemands qui font leur voyage d'étude, pardon, leur voyage de biture. Chassés du pont par une méchante pluie adriatique, on se réfugie dans les rares espaces protégés, avec les Kurdes et quelques babas nordiques égarés. Au milieu de la fort courte nuit, A.R. se prend la tête avec un Habitur qui a eu la bonne idée de débarquer en ascenseur, son ghetto-blaster à fond sur l'épaule, diffusant une mauvaise techno. Vaguement secoué par le fiston, le Teuton va chercher des renforts parmi ses rares potes encore capables de marcher et ils reviennent en force. Réveil brutal (pour ceu·sses qui dormaient), les mères, pères et surtout le gros balaise turc dissuadent les Germains de poursuivre leurs rêves de conquête, surtout une fois que A.R., ravalant sa fierté balkanique, bredouille un “Ich entschuldige mir” performatif. Le IVe reich n'aura pas lieu.

Arrivée attendue à Igoumenitsa, on reprend les Rossinantes et on longe une très belle côtière fleurie en direction de notre séjour, Preveza, petite ville dotée d'un front de mer assez avenant mais un peu trop policé, et surtout d'une vraie ville, quelques mètres plus haut, qui rappelle aux WB la Syrie et à moi l'Italie du début des années 70, sous forme d'une longue rue bruyante, parcourue de scooters Honda, de pickups ruraux Toyota et ponctuée de bars, quincailleries, vendeurs d'agrumes et rares boutiques touristiques. On établit un QG dans le seul bar mixte, les autres étant manifestement très genrés, au singulier.

Les gens sont adorables. Je veux dire les habitant·e·s de Preveza, pas du tout pourri par le tourisme, nous accueillant avec le sourire, des prix ridiculement bas et des poissons et de la viande à faire tomber un grand restaurateur - un petit bémol sur les légumes, une grande partie de ce qui se vend ne vient visiblement pas des nombreux petits potagers qu'on voit un peu partout, mais de cultivars hollandais et c'est dommage. On s'en sort tout de même plutôt bien et on mange fort bien.

Dans notre logement, aka la fraise tagada 1), qui compte 360 mètres carrés, la private beach, le proprio nous grille des poissons de rêve 2) et sa femme qui nous fait des gâteaux orientaux un peu trop sucrés, on mène une vie de châtelain·e·s, dans un palace improbable, glissant et marbré mais dont aucune finition n'est vraiment achevée. Les proprios nous racontent la crise, leur soutien à Syriza, leur espoir que le nouveau gouvernement de centre droite parvienne à rester au centre et à rassembler les grecs pour en sortir, de cette crise, bien visible partout, notamment avec toutes les arcades à louer en ville.

Pratiquement aucun touriste occidental, un peu de tourisme grec et balkanique, c'est le pied.

La nuit, voûte étoilée avec Saturne et Vénus en prime.

On visite par deux fois les sources de l'Achéron, c'est génial, de se baigner dans la froide histoire qu'on remonte pendant des lustres, sans toutefois (je ne l'ai vu qu'en rentrant) parvenir jusqu'au croisement où un affluent vient renforcer cette rivière qui va former un fleuve et un magnifique delta (la visite dudit delta sera pour une autre fois, de même que la passegiata en kayak, ratée car le baba-cool sympa qui loue les kayaks n'en a plus à nous filer, faut dire qu'à neuf on prend de la place).

Histoire de se faire un plan plage grec, on traverse le tunnel, quelques ponts et on se retrouve sur l'île de Lefkas, cap sur la plage de'Agios Nikitas. Autant l'eau est belle que la plage anonyme, un bar beugle sa techno et ses mauvais alcools, pas terrible, ravi de retrouver la private beach de la lagune, même si l'eau est effectivement un peu paludosa (surtout autour des 15h-16h).

Rapide visite de Nicopolis et de son musée, le site est gigantesque mais on ne peut pratiquement rien voir, le musée vaut le détour. Au retour, E.B. me fait découvrir Liddle, le casseur de prix. Effectivement stupéfiant et sans doute pas pire qu'un autre supermarché - mais certainement moins bien que de faire tourner les petits commerçants de la rue centrale de Preveza.

Cap à l'est pour un début de visite de la réserve de la lagune, ballade magnifique à mon goût sur des sentiers composés de coquillages crissant sous les pas, je suis le seul à me jeter à l'eau à plusieurs reprises, dans une eau claire, bouillante et peuplée de petits oursins violets. Au retour, on splite, les flemmards rentrent direct et les B-R (sauf I.R.) font une visite éclair d'Arta, sous un soleil de plomb - la ville est vide, l'église à l'équilibre improbable magnifique, faut vraiment la foi pour y entrer.

On visite aussi un autre jour le Nekromanteio, j'y ramasse une pive qui me servira d'oracle personnel. Et au retour, bien sûr, cap sur l'infernal Acheronte dantesque, car on y prend goût.

Comme on n'a que deux semaines on est forcé d'écourter l'idyllique séjour, au retour visite rapide de X, qui nous fait tous dire qu'heureusement qu'on a eu la chance de tomber sur Preveza l'inconnue plutôt que sur Parga, il est vrai nettement plus jolie, mais au combien artificielle et touristique. À Igoumenitsa, on rate le restaurant recommandé par un étonnant maraîcher ex-boxeur, et on se retrouve dans un bistrot assez quelconque ou j'hérite d'un plat de papillotes de foie commandé par A.R., puis retour sur l'infâme ferry puant toujours autant la m… Cette fois, pas de pluie, on s'installe tant bien que mal sur un pont dont le seul but semble de dissuader les passagers de s'y installer, l'architecte qui a conçu cet étron flottant est un vrai vicieux.

Au retour, une deux nuits, un jour et quelques repas délicieux chez les Romains à Celleno avec qui on évoque des histoires de famille et l'avenir politique inquiétant de notre planète, malgré la thématique c'est très chouette, sans parler d'un retour aussi calme que drôle, bercé par la lecture imagée de À toute berzingue3) par S.R. et F.B.

Au final, on remettra sans doute les pieds dans l'Épire car c'est une chouette région.


1)
le premier logement s'étant fissuré lors d'un récent mouvement sismique - c'est la région
2)
“What? no BBQ tonight…” - mine de dépit car il adore ça
3)
Kenneth Cook, voir billet suivant
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  • Dernière modification : 2019/08/08 05:55
  • de radeff