Andreï Tarkovski, Le Temps scellé - De L'Enfance d'Ivan au Sacrifice
Résumé
Tout au long de sa vie, Andreï Tarkovski rédige des notes de travail, des observations, des pensées, posant ainsi des jalons à son itinéraire d'homme et d'artiste. Durant sa dernière année, il rassemble ces écrits en un volume, Le Temps scellé, qui deviendra vite une référence incontournable. Il y aborde une large réflexion aussi bien sur la civilisation contemporaine que sur le cinéma - sa place parmi les autres arts, ou des aspects plus concrets comme le scénario, l'image, le montage, l'acteur, le son, la musique… Puisant dans son expérience de cinéaste et dans sa vaste culture littéraire, se remémorant ses années de formation et les luttes interminables pour terminer ses films à l'époque soviétique, Andreï Tarkovski offre ici le livre-bilan d'un artiste en recherche de sens, d'un homme qui consacra son inépuisable énergie à «sculpter le temps».
Source: laliseuse.ch
Extraits
Et le rythme dans tout ça?
“Le rythme d’un film ne réside donc pas dans la succession métrique de petits morceaux collés bout à bout, mais dans la pression du temps qui s’écoule à l’intérieur même des plans. Ma conviction profonde est que l’élément fondateur du cinéma est le rythme, et non le montage comme on a tendance à le croire.”
Liberté et égoïsme
“La tragédie est hélas que nous ne savons pas être libres. Nous réclamons une liberté qui doit coûter à l’autre mais sans rien lui abandonner en échange, voyant déjà là comme une entrave à nos libertés et à nos droits individuels. Nous sommes tous caractérisés aujourd’hui par un extraordinaire égoïsme. Or ce n’est pas cela la liberté. La liberté signifie plutôt apprendre à ne rien demander à la vie ni à ceux qui nous entourent, à être exigeant envers soi-même et généreux envers les autres. La liberté est dans le sacrifice au nom de l’amour.”
Note Fred
Waouh! Sacré bouquin qui en peu de pages nous parle de cinéma, théâtre, littérature, histoire et révolution. Et beaucoup de nostalgie, évidemment! Il y a notamment un très beau passage sur la mise en image d'un poème de son père, plan par plan. Et on découvre un Tarkovsky très critique envers Eisenstein. J'ai particulièrement apprécié le chapitre “L’auteur à la recherche du spectateur”, où Tarkovsky décortique avec l'application la dialectique complexe d'un art coûteux et semi-industriel avec l'“aristocratie”1) de l'artiste metteur en scène. Et une belle vision démocratique, car il récuse la formule : « Le peuple ne comprendra pas ! », démontrant par les courriers qu'il a reçu la finesse de certains spectateurs pourtant d'origine modeste et exerçant des métiers manuels.
Bon, il est temps de revoir tout Tarkovsky.
Cela ne fait après tout que sept films.