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++Joseph Knox, Somnambule

La patience n’a jamais été le fort de l’inspecteur Aidan Waits, et faire le planton au chevet d’un meurtrier pour en recueillir les dernières confessions ne compte pas parmi les plus glorieuses heures de sa carrière. D’autant que, après dix ans de prison passés dans le silence, Martin Wick ne semble décidé ni à mourir, ni à parler.

À l’en croire, le Somnambule n’a aucun souvenir du meurtre d’une famille entière dont on l’accuse. Alors révéler ce qu’il est advenu de l’un des corps, disparu depuis tout ce temps ?

Lorsque Wick lâche enfin ses derniers mots, dans le chaos d’un attentat, Waits se retrouve brutalement projeté au coeur d’un abîme de noirceur. Et si, en fin de compte, le coupable courait toujours ?

En danger de mort, manipulé par un psychopathe surgi de son passé, espionné par sa nouvelle coéquipière, Aidan Waits suit une pente glissante au bout de laquelle l’attendent tranquillement ses anciens démons…

Anne prit la tasse d’une main. L’autre, tremblante, reposait sur la bibliothèque. Elle avait le front plissé et semblait désorientée. Il y avait un espace vide sur le rayonnage, entre Charles Dickens et Geoff Dyer, là où on avait retiré un livre de l’épaisseur d’une brique. Naomi tenta de déchiffrer l’expression complexe sur le visage d’Anne, et elle s’étonna de la voir sourire. Abandonnant la sœur d’Aidan, elle reporta son attention sur l’étagère et demanda, en s’efforçant de prendre un ton léger et désinvolte :

« Vous avez perdu quelque chose ? »

(Note: vu les indices, comme dans un vieux polar, vous pouvez deviner tout·e seul·e l'auteur du bouquin disparu, voir le titre. Solution infra pour les flemmard·es et les incultes)

J'avais trouvé pas mal Sirènes, quoique fort noir.

C'était sans compter sur Le Somnambule qui lui est carrément anthracite.

OK, Joseph Knox ne révolutionne pas vraiment le genre hardboiled, on pourrait même dire qu'il en fait une caricature. Mais Knox a un sacré trait, et on est très vite pris par ce polar et ses adorables gentils et encore plus attachants méchants (ah, se délecter sur son infâme supérieur manipulateur, le machiavélique superintendant Parrs, il y a là une belle dose de masochisme…).

Bref: du bon, mais du raide, autant que les litres de gnôle et de bibine descendus par les différents protagonistes de ce bon polar, au suspense d'un rythme parfaitement maîtrisé.

Et les références à Raskolnikov (sans jamais le citer) ne sont pas là pour décorer mais soulignent que cette jeune coqueluche du thriller british n'est pas dénué de culture.


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  • Dernière modification : 2023/12/27 06:04
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